ZOOM SUR : L'Atelier du Peintre de Gustave Courbet

Publié le 13 Septembre 2018
ZOOM SUR : L'Atelier du Peintre de Gustave Courbet

Ça y est c’est jeudi ! L’heure pour nous de reprendre la séance au tribunal des artistes qu’on adore ! Est appelé aujourd’hui à la barre Monsieur Gustave Courbet.

Séance ouverte :

Gustave Courbet, L’Atelier du Peintre, 1854-1855.Huile sur toile 359 x 598 cm, Musée d’Orsay, Paris

 

1. Petit Point sur Gustave

Photographie de Gustave Courbet

Courbet se forme à la peinture très jeune, il n’a que quatorze ans lorsqu’il commence sa formation. Il s’installe à Paris à vingt ans pour suivre des études de droit (quelle drôle d’idée…) mais se rend très vite compte que sa destinée n’est pas d’apprendre le code civil, mais de peindre (ouf !). Il va rapidement partir vers le réalisme et choquer l’opinion publique et l’Académie avec ses réalisations présentant des scènes familières, domestiques, dans des formats de peintures d’histoire. #sacrilège

Bon, après, même si on l’aime beaucoup notre Gustave, on ne peut pas cacher qu’il était quand même un peu prétentieux, tout du moins trèèèès sûr de lui. Mais finalement c’est ce qui fait sa renommée et c’est sans aucun doute grâce à cette confiance qu’il a pu réaliser des œuvres aussi marquantes sans se préoccuper des critiques à son égard.

 

2. Le titre

On vous a épargné le titre entier de l’œuvre de Courbet, pour ne pas vous faire fuir mais en réalité sachez que le titre complet est : L’Atelier du peintre, Allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale. C’est un peu long on vous l’accorde mais n’empêche, rien qu’avec le titre vous brillerez déjà auprès de vos copains. Imaginez : « J’ai lu un superbe article tout à l’heure sur L’Atelierdupeintreallégorieréelledéterminantunephasedeseptannéesdemavieartistiqueetmorale, vous connaissez ? » Ils vont rester bouche-bée !

Mais, plus sérieusement, ce titre est très intéressant dans le travail de Courbet. Il transpose à la fois le terme « allégorie » et « réelle » et crée une contradiction forte. Ce titre est une information qui détermine l’idée qu’il a voulu représenter sur une seule et même toile l’équivalent de sept années de sa vie, d’un point de vue artistique et moral. On trouve des personnages réels, reconnaissables, mais mis en scène par Courbet. La distinction entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas est infime, et permet de faire un sacré pied de nez à ses détraqueurs.

 

3. Les actionnaires et la vie triviale

Courbet définit lui-même sa toile comme « le monde qui vient se faire peindre chez moi » . Il représente à droite ceux qu’il appelle les actionnaires, c’est à dire ses amis, les gens du monde de l’art. On reconnaît Baudelaire, Bruyas ou bien Champfleury.

A droite les gens de la vie triviale, donc le peuple avec des personnages comme un prêtre, un chasseur ou encore une mendiante.

Gustave Courbet, L’Atelier du Peintre, 1854-1855, Musée d’Orsay (détail)

Il représente ici tous les protagonistes qui ont joué un rôle dans sa vie personnelle ou dans ses toiles directement.

 

4. La Mort de l’Académie

Gustave Courbet, L’Atelier du Peintre, 1854-1855, Musée d’Orsay (détail)

Placé au milieu de l’œuvre, on peut découvrir un crâne humain. Si l’on s’approche un peu plus, on distingue qu’il est placé sur un journal intitulé Journal des débats. Naïf est celui qui pense que Courbet a mis cela là par hasard. Par esprit de provocation, il caractérise la mort de l’académisme en peinture et  la mort du gouvernement de Napoléon III. L’homme se tenant à côté du crâne est le croque-mort, le « fossoyeur de la République ». Courbet montre une fois encore son opposition à l’Académie des Beaux-arts.

 

5. Charles Baudelaire

Gustave Courbet, L’Atelier du Peintre, 1854-1855, Musée d’Orsay (détail)

Regardez bien Charles Baudelaire. Rien ne vous choque ? Un esprit semble s’intéresser au poète. Courbet a-t-il réellement peint un fantôme ? Et non ! Ne soyez pas déçus, l’histoire est drôle quand même. Lorsque Courbet réalise son tableau, son ami Charles est fou amoureux de Jeanne Duval, sa muse. Seulement, après une grosse dispute et une rupture qu’on imagine douloureuse, Baudelaire demande au peintre de supprimer l’image de la jeune femme. Après un coup de pinceau, Jeanne n’était plus qu’un lointain souvenir. Oui mais voilà, comme un fantôme venu hanter son amour de jeunesse, elle refait surface sur le tableau (enfin c’est surtout grâce à l’usure de la pigmentation tout ça).

 

6. Bonus 

Dernier petit conseil pour éviter de passer pour un idiot ce soir : évitez de l’appeler Julien ? (bon, on ne vous cache pas que cette petite boutade, on ne l’assume pas à 100 % à la rédac’ !)