Ben : Il faut se méfier des mots

Benjamin Vautier, plus connu sous son nom d'artiste Ben, retrouvé mort le 5 juin 2024 dans sa maison à Nice, laisse derrière lui une trace qui restera à jamais écrite.

« Il faut se méfier des mots », c’est ce que nous pouvons lire dans le 20e arrondissement, sur un mur place Fréhel, à Paris. L’endroit est propice au Street Art. Sur les murs, l’idée du palimpseste est clairement présente avec les multiples graffitis qui se recouvrent les uns sur les autres.

L’installation de Ben date de 1993, soit deux ans après la chute de l’URSS. Sur un tableau noir géant, nous retrouvons son écriture appliquée. Sur une nacelle, un ouvrier tient le cadre, comme pour l’empêcher de tomber. Un deuxième ouvrier avec une salopette de peintre tire sur une corde pour maintenir le tableau. Peut-être représente-t-il l’artiste lui-même ?

L’écriture manuscrite blanche sur fond noir provoque une réaction. Elle est tout sauf linéaire, mais c’est justement une notion très importante pour le courant Fluxus auquel Ben appartient dès 1962. Il rejette totalement cette quête de la beauté, la notion d’œuvre d’art et tout ce qui touche au monde institutionnel pour mettre l’art à la portée de tous.

Le texte de l’installation est une nouvelle provocation. C’est également un paradoxe. Dans la rue, nous retrouvons habituellement de grands panneaux publicitaires avec des slogans. Faut-il donc se méfier des mots de Ben ?

La plume de Ben est simple mais juste, et donne toujours matière à penser. Elle véhicule un concept fort en proposant des commentaires, des constatations et des affirmations en lien avec la vie, l’ego, le doute, la mort, le sexe, la nouveauté ou l’argent.

Quelques phrases de Ben :

« J’écris donc je suis. »

« Question sans réponse ! »

« Qu’est-ce que l’art ? »

Retrouvez-le dans un épisode d'Artist's Workshop sur Museum TV.

Manon Mouflard