Etre une femme, être une peintre - Artemisia Gentileschi

Publié le 26 Juin 2017
Etre une femme, être une peintre - Artemisia Gentileschi

Femme des années 80, femme jusqu’au bout des seins … Femme, être une femme … chantait Michel Sardou.

Dans l’Antiquité, elles n’avaient pas le droit de voter. Pendant l’époque chrétienne, elles n’avaient pas le droit à l’éducation. Pour écrire, elles deviennent hommes. Et parfois, pour chanter elles se déshabillent (sur ce point, entre nous, est-ce vraiment nécessaire ?).

Mais « heureusement ! » crions-nous, certaines femmes sont là pour sauver l’honneur. Pendant une très longue période de l’histoire du monde, les femmes étaient parfois contraintes à emprunter le nom de leur mari, ou parfois même un nom inventé, afin de pouvoir s’exprimer librement. On pense ici à Colette qui signa ses œuvres littéraires par « Willy », jusqu’en 1923.

Mais revenons à nos moutons. Les femmes peintres sont nombreuses, parfois inconnues au bataillon. « Heureusement ! » crions-nous une nouvelle fois, on est la pour sauver leur honneur. Cette semaine, on vous propose de suivre le parcours de cinq femmes qui ont marqué l’histoire de leur coup de pinceaux.

Gentileschi

Débutons notre épopée avec Artemisia Gentileschi, née en 1593 et morte en 1652. Soyons clair, net et précis, à cette époque, les femmes peintres n’étaient pas facilement acceptées, voire pas du tout. Et pourtant, Artemisia devient une peintre de cour à succès, considérée comme l’un des premiers peintres baroques, et première femme à peindre des sujets historiques et religieux.

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Elle apprend le dessin et les couleurs avec son père, et se découvre un talent bien plus élevé que ses frères. On remercie son père, qui nous prouve que tous les hommes ne sont pas des machos. Il aide Artemisia dans ses premières créations, notamment pour son tableau Suzanne et les vieillards. Ses œuvres sont d’une réalité surprenante, elle va même jusqu’à modifier plusieurs fois les œuvres de son père pour y ajouter plus de réalisme. Lorsque l’accès à l’enseignement des Beaux-Arts lui est refusé, son père lui donne un précepteur privé, le peintre Agostino Tassi. Retenez bien son nom à celui la…

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Agostino Tassi la viola, puis, lui promet de l’épouser et de sauver sa réputation. Promesse qui ne fut jamais tenue. Le père d’Artemisia porte l’affaire devant le tribunal papal. Artemisia est soumise à un examen gynécologique, mais résiste à la torture des multiples questions, elle maintient ses accusations. Agostino Tassi est condamné à un an de prison.

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Un mois plus tard, Artemisia se marie à Pietro Antonio Stiattesi, un peintre florentin, et retrouve son statut. Sa période florentine fut couronnée d’un grand succès. Elle est acceptée à l’Académie du dessin, et travaille notamment avec le petit-neveu de Michel-Ange. Promis, on lui demandera un autographe si on la croise.

Dans ses toiles, elle peint des visages lui ressemblant et l’on retrouve parfois, des allusions à sa propre vie.

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Elle retourne ensuite à Rome, comme femme indépendante, en mesure d’élever ses enfants. Et il ne faut pas croire que la peinture c’est dans les gènes, car ses deux filles n’ont eu aucun succès, malgré leur apprentissage. Ses commandes n’affluent pas comme elle l’espérait. Artemisia déménage à Naples. Elle s’adapte aux gouts de l’époque, peint des toiles pour une cathédrale, et voyage de temps en temps à Londres, pour rendre visite à son père.

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Dans ses peintures, Artemisia utilise des couleurs vives, et représente des femmes expressives semblant vouloir se rebeller contre la domination masculine. On déduit que le viol eut un impact considérable dans sa vie.

Artemisia meurt en 1653, mais marqua l’histoire des femmes.

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On vous donne rendez-vous demain pour découvrir l’histoire de Frida Kahlo.