Frida Kahlo : 70 ans après sa disparition

Marcel Proust explique que plus les tourments sont profonds, plus les œuvres sont poignantes, comme si de la souffrance naissait la commotion. C'est ainsi que nous pouvons qualifier l'art de Frida Kahlo : intime, puissant et mystérieux.

À l'occasion des 70 ans de la disparition de Frida Kahlo, décédée le 13 juillet 1954, Museum TV vous propose de revenir sur certains éléments marquants de la vie de cette artiste mexicaine.

L'accident

Le 17 septembre 1925, alors qu'elle est âgée de 18 ans, Kahlo est gravement blessée dans un accident de bus. Au cours de sa vie, elle devra subir plus de trente opérations à cause de la rampe de fer qui lui a traversé le corps. Ses fractures presque mortelles l'amènent par la suite à être alitée en permanence.

L'autoportrait

En 1926, elle réalise son premier autoportrait avec l'aide d'un miroir au plafond, peint sur un chevalet spécial attaché à son lit. L'artiste cherche le regard du spectateur en peignant son portrait de trois quarts sur un fond bleu marine, comme si son âme était tourmentée. Ses joues rouges et le velours de sa robe contrastent avec la fragilité de son corps, telle la brutalité d'une vague. La main posée sur la manche, disproportionnée par rapport à son bras, nous guide vers son long décolleté.

Une divinité puissante

Ses peintures en révèlent beaucoup sur sa condition physique et mentale. Nous ne parlons pas de tableaux surréalistes, qui était d'ailleurs un terme rejeté par l'artiste, mais plutôt d'œuvres autobiographiques. Dans ses 143 tableaux, plus de 50 sont des autoportraits. Elle déclare : "Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule et que je suis le sujet que je connais le mieux". Au fil du temps, elle peint son portrait qui est de plus en plus marqué par la vie. Dans son autoportrait au collier d'épines et colibri, peint en 1940, elle se représente telle une divinité puissante et torturée, en s'inspirant de la Renaissance et de l'iconographie précolombienne.

Concevoir la vie avec ses maux

La maladie amène Kahlo à se poser des questions sur la féminité, sur ses convictions politiques et sur la place de la femme dans le monde de l'art. Les corsets qu'elle porte dépassent leur usage. La robe traditionnelle Tehuana n'est pas simplement là pour cacher ses imperfections, mais pour fusionner avec son corps.

Grâce à la peinture, elle explore donc ses états physiques et émotionnels. Frida Kahlo laisse derrière elle un héritage très fort. Elle n'est pas une femme qui souffre, mais une femme qui utilise ses maux pour concevoir la vie.

Retrouvez notre programmation spéciale en hommage à Frida Kahlo mercredi 17 juillet à partir de 20h sur Museum TV.

Manon Mouflard