ZOOM SUR... Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault
Comme chaque jeudi, la rédac’ vous propose de découvrir 5 anecdotes sur une œuvre majeure de l’Histoire de l’Art.
Attrapez votre oreiller, mettez-vous en petite boule sur votre lit et laissez nous vous conter l’histoire du Radeau de la Méduse.
1. Petit point sur l’histoire de la Méduse.
Nous sommes le 2 juillet 1816, au large des côtes de l’actuelle Mauritanie.
La Méduse, frégate française, continue son chemin, toutes voiles déployées vers le Sénégal, occupé par les Britanniques au cours des guerres de l’Empire. Ils ont une mission : récupérer ces comptoirs commerciaux.
Hugues Duroy de Chaumareys, le commandant, détesté par tout l’équipage, prend de l’avance sur les autres navires, plus lents que le sien. Mauvaise idée. Les voilà isolés. Prenant alors une mauvaise décision, se trompant dans son estimation de la position du navire, il se dirige vers le banc d’Arguin, obstacle pourtant bien connu des navigateurs.
BADABOUM, voilà que l’irréparable se produit, il rase les hauts-fonds, trop tard pour faire demi-tour.
La frégate s’échoue sur un banc de sable. L’équipage ne perd pas de temps et comme l’auraient fait Tom Hanks et Winston, (ref. Cast Away) ils bâtissent un radeau pour y mettre le matériel et alléger le navire.
Une vague vient frapper le bateau, et sous la panique, on ordonne à tout l’équipage de quitter le navire.
Malheureusement, il n’y a pas assez de canots de sauvetage. (On a déjà vu ça quelque part… #Jack&Rose.)
150 personnes sont envoyées sur le radeau. Ils sont trop lourds et trop nombreux. Ils ont de l’eau jusqu’au bassin, impossible de s’asseoir, impossible de s’allonger.
Bref, sortez la loupe et regardons de plus près les détails du tableau.
2. L’arme
La première nuit, vingt hommes se donnèrent la mort sur le radeau. Sans vivres et sans moyen de se diriger, leur destin ne semblait rien présager de bon. Au quatrième jour, les soixante-sept survivants durent se résoudre à l’anthropophagie.
En peignant une hache sur le radeau, Géricault fait allusion à cet acte inhumain.
3. La mort
Géricault n’a pas fait les choses à moitié…
Pour retranscrire la réalité au plus proche, notre artiste s’est rendu à la morgue pour étudier la pâleur des corps et des chairs. Il étudia le visage des patients à l’agonie, emprunta des membres sectionnés ainsi qu’une tête d’un asile psychiatrique. Sympa.
4. L’espoir
Debout sur un baril vide, au-dessus des autres membres de l’équipage désespérés, se dresse Jean-Charles. (c’est pas une blague, le mec s’appelle vraiment Jean-Charles.)
Jean-Charles est la personne la plus dynamique du tableau, il agite son mouchoir en direction de L’argus, un navire qui apparaît à l’horizon.
Jean Charles, soldat noir, est le seul espoir du tableau. Il tient la main blanche d’un autre soldat, symbole de fraternité. Lors de la réception de l’œuvre, le choix humaniste et politique de l’artiste provoqua un scandale
Il symbolise plus généralement le mépris porté par l’aristocratie envers le peuple. Le choix de placer un homme noir au centre de la composition est très controversé.
5. Un tableau engagé
« Le Radeau de la Méduse » exprime également de manière métaphorique l’incompétence du pouvoir en place. Géricault, le Républicain, s’élève contre l’injustice et va même jusqu’à contraindre Louis XVIII à traduire le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys en justice. Faut dire que le bougre a salit tout son honneur de capitaine !
En plus d’avoir était têtu et de ne pas avoir écouté les conseils de son équipage, lors du naufrage, le capitaine se réserva une place bien au chaud dans un canot de sauvetage.
6. Bonus
Lui, là-bas, il ne vous dit pas quelque chose ? Géricault a l’habitude de faire poser ses amis, et notamment Eugène Delacroix (1798-1863), qui servit de modèle au personnage situé au premier plan, le jeune homme du centre gisant sur le ventre.